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Hocine
Khelfaoui
Les
Ingénieurs Dans Le Système Éducatif.
L'Aventure des Instituts Technologiques Algériens
[The
Engineers in the Educational System -
The Challenge of the Algerian Technological Institutes]
[Ingenieure
im Erziehungssystem -
Das Wagnis der Algerischen Technologischen Institute]
(Paris:
Publisud, 2000), 218 pp.,
€ 24.09 ISBN: 2-86600-613-5
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Dans cet
excellent ouvrage consacré à la naissance et
à l'histoire des instituts technologiques algériens,
l'auteur nous montre comment, au lendemain de l'indépendance,
l'Algérie a créé de toutes pièces
un enseignement technique destiné à former des
techniciens et des ingénieurs devant servir de fer
de lance à sa stratégie d'industrialisation.
La première partie du livre traite de l'histoire des
ambitions de formation technique du jeune Etat algérien.
L'auteur nous décrit le rôle fondateur et démiurge
de l'Etat dans l'émergence des groupes socioprofessionnels
techniques. Le projet développementaliste et dirigiste
voulait faire accoucher au forceps et le plus rapidement possible
une société industrielle avec les structures
qui l'accompagnent. Dans la seconde partie de sa recherche,
l'auteur se propose d'étudier " les acteurs de
la formation technologique ". L'histoire de l'Algérie
indépendante montre que les contra-dictions à
l'intérieur du système national d'enseignement
et de formation, qui ont donné naissance aux instituts
technologiques, étaient principalement l'expression
des divergences animant les principales tendances socio-politiques
quant aux fonctions que devaient rempli le système
éducatif.
En fait,
Hocine Khelfaoui formule l'hypothèse selon laquelle
les " industrialistes ", en imposant leur vision
du système de formation technologique recherchaient
plus à consolider leur base sociale qu'à mettre
en uvre une formation réellement performante
en termes de reproduction de cadres techniques " opérationnels
". Entre une " socialisation sûre " et
une " professionnalisation aléatoire " pour
reprendre la belle formule de l'auteur, le choix a été
coûteux pour l'Algérie. Ainsi, la formation technologique
répondant à des considérations plus politiques
qu'économiques n'a-t-elle trouvé de légitimité
que dans le recours au favoritisme d'Etat. Si à partir
de la seconde moitié des années 80, les groupes
professionnels ont commencé à s'autonomiser
et l'entreprise à passer du statut de consommateur
à producteur des connaissances et de technologies,
la violence politique, qui a frappé le pays, a permis
au pouvoir bureaucratique - fondé plus sur l'allégeance
et la cooptation que sur la compétence technique -
de se redéployer et d'interrompre un mouvement d'autonomisation
sociale. Ce constat pessimiste de l'auteur montre combien
la formation technique en Algérie renvoie à
des enjeux touchant l'ensemble de la société
algérienne.
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